Depuis le début du Covid, la majorité des salariés découvre les joies du Home office et certaines entreprises vont jusqu’à institutionnaliser ce mode de travail. Il y a beaucoup d’article sur ce sujet sur les réseaux, et je ne souhaite pas rajouter une analyse de plus. Je vous propose ici de partager un retour d’expérience sur ce que j’ai retenu de ce mode de travail.
Avant de lancer mon activité, j’ai travaillé pendant plus de 6 ans en télétravail. L’entreprise qui m’employait était basé en province, et une grande partie de l’équipe commerciale était éparpillée à travers la France. Mon retour d’expérience sur le travail en full remote est mitigé, car plusieurs paramètres sont à prendre en compte du point de vue de l’employé comme du manager :
- Développer son leadership
D’abord, le télétravail ne convient pas à toutes les personnalités : cela requiert une grande autonomie dans la gestion de ces tâches et la responsabilité de délivrer un résultat. Étant commerciale depuis plus de 15 ans, ces exigences faisaient partie intégrante de mon métier. J’ai toujours été très indépendante et aux commandes de mes performances, c’était donc pour moi un avantage. Mais la réalité est que tout le monde n’est pas capable de travailler de cette façon. Nombreux sont ceux qui ont besoin d’être « driver » au quotidien pour atteindre les objectifs attendus. Je pense particulièrement aux jeunes qui débutent sur le marché du travail. L’apprentissage se fait en partie par l’observation et le mentorat des personnes plus expérimentées. La chaine de transmission Human to Human parait délicate à mettre en place à distance.
Les plus expérimenter devront développer leur leadership. Cela passera par l’accompagnement mais surtout par la confiance de leur manager quant à leur capacité à faire seul.
- Donner un sens à son travail
La solitude du télétravail nous met face à nos contradictions. Être seule toute la journée, laisse le temps de réfléchir au sens de notre travail et de notre contribution. Aller puiser dans ces ressources est nécessaire pour trouver la motivation, et cela passe par le sens que l’on donne à notre travail. Travailler sans conviction pour une société qui n’est pas en phase avec nos valeurs, ne fera qu’exacerber notre manque d’alignement. Il sera alors difficile de se motiver tous les jours pour accomplir nos tâches et atteindre les objectifs attendus.
L’engagement des équipes est plus que jamais au cœur des préoccupations des entreprises. Les managers devront faire preuve de créativité pour motiver leurs équipes autour d’un projet commun où chacun joue un rôle important. Cela passera notamment par la reconnaissance du travail accompli par chacun.
- Être discipliner
Cela demande aussi d’être discipliner : s’imposer un rythme est indispensable. Mettre des limites entre la vie pro et perso, s’interdire d’ajouter des tâches ménagères à notre journée est un véritable challenge. Le risque notamment pour les femmes est d’augmenter la charge mentale déjà très sollicitée. On peut rapidement culpabiliser de ne pas en faire assez alors que l’on est à la maison. Pour éviter de tomber dans ce piège, j’ai dû faire une mise au point avec mon entourage : être physiquement présent ne veut pas dire que l’on est disponible. S’imposer des horaires de travail bien clairs est essentiel. Après la journée de travail, vient le temps de profiter de sa vie.
Il est important de définir les contours du télétravail avec son manager. Par exemple, les horaires de travail n’ont pas de raison d’être étendu sous prétexte que l’on supprime le temps de transport. La gestion des emails est également un point de vigilance car on est vite dépendant de nos emails qui restent le lien avec l’entreprise. Les managers devront être vigilants sur ce point et sécuriser le cadre du télétravail pour éviter les dérives.
- Garder le lien social
Il est indispensable d’avoir un repère hebdomadaire, un espace d’échange avec notre équipe pour communiquer. Pour moi, c’était tous les lundis matin à 9h. Je commençais ma semaine par une réunion commerciale avec toute l’équipe qui donnait le ton au reste de ma semaine. Cela permet de fédérer l’équipe autour d’objectif commun. De plus, mon métier de commercial m’obligeait à sortir de chez moi pour aller à la rencontre de mes clients. Ces moments étaient très appréciés surtout lorsque l’on aime particulièrement la relation client ! Mais les semaines plus calmes me paraissaient longues… Je m’obligeais à manger à l’extérieur le midi ou à rejoindre un collègue dans un espace de co-working le temps d’une matinée.
En plus des réunions d’équipe hebdomadaire, il est également important de prévoir un appel en « one to one » pour écouter et échanger sur les problématiques propres à chacun. L’entreprise devra idéalement prévoir des journées en présentiel toutes les semaines pour rassembler les équipes et nourrir ce lien.
- Plus productif en télétravail
Travailler de chez soi fait que nous ne sommes plus visibles. Être en représentation permanente dans un open space aux yeux de tous est consommateur d’énergie. On doit montrer que nous sommes productifs et indispensables au bon fonctionnement de l’entreprise. Notre attention n’est pas totalement focalisée sur notre travail, une partie de notre esprit est occupée à bien paraitre… A l’inverse, le télétravail libère l’esprit et a l’avantage de mettre en exergue la performance et le livrable. Les employés qui avaient l’habitude de papillonner de bureau en pause cigarettes risquent de dévoiler leur réelle charge de travail. La répartition des tâches entre salariés devra certainement être adapté. Personnellement, je travaille vite et suis capable d’accomplir une grande quantité de tâches.
Là encore, nous ne sommes pas tous égaux dans notre capacité de travail. Le risque est de voir naître des disparités entre salariés quant à la quantité de travail.
Travailler en « full remote » n’est donc pas adapté à tout le monde et ne présente pas que des avantages.
En ce qui me concerne c’était un choix : mon indépendance était plus importante que tout le reste pour m’épanouir dans mon métier. Mais qu’en est-il des personnes qui n’ont pas choisis ce mode de fonctionnement ? est-il judicieux d’imposer ce modèle à l’ensemble des salariés ou ne faudrait-il pas plutôt envisager un entre-deux ?